Cette formule bien connue du Memento Mori (« Souviens toi que tu vas mourir ») est souvent représentée, dans les arts, par un crâne, qui est aussi symbole de la vanité des Hommes. Elle trouve aussi des représentations en Asie, où le motif du crâne est très répandu. Il est beaucoup représenté sur les bijoux en os de Bali, d’Inde, du Népal (bague tête de mort, colliers en os…).
Crâne sectionné – Plume et encre – Léonard de Vinci
Très à la mode, il vous est sans doute arrivé de croiser des bracelets, colliers, bagues et autres bijoux décorés d’un crâne, figure par excellence du memento mori.
La petite histoire dans la grande
« Memento Mori » signifie « souviens-toi que tu vas mourir ». Cependant, au-delà du sens littéral de cette locution latine, ce terme découle d’une coutume impériale romaine, qui fut reprise ensuite pour devenir une devise chrétienne dont le sens et le but diffèrent, principalement à l’époque médiévale, où elle s’est développée fortement.
Son origine remonte à l’antiquité gréco-romaine. Du temps de la Rome impériale, quand un empereur ou un général rentrait à Rome après une campagne réussie (militaire ou politique), il parcourait les rues sur un char entouré d’une foule en liesse, qui le recevait sous les applaudissements et les honneurs. Derrière lui, sur le char, un homme chuchotait constamment: « Memento Mori ».
Il s’agissait en fait d’un conseil, d’une règle de vie et non d’un événement fortuit. Sa raison : rappeler au héros que sa vie était exactement comme celle de chaque humain, et pour perpétuer et pérenniser ses triomphes, il se devait de rester humble, honnête et utile aux habitants de Rome et de l’empire. Exprimant la vanité de la vie terrestre, cette « petite voix » leur permettait de ne pas oublier qu’ils n’en demeuraient pas moins mortels, tout en définissant l’art de mourir (Ars Moriendi).
Une vision universelle de la condition humaine qui a donné lieu à pléthores de représentations artistiques que l’on retrouve dans de nombreux syncrétismes, depuis la piraterie, jusqu’en Asie.
Représentation allégorique de la mort, du passage du temps, de la vacuité, le symbole fort est bien souvent « la vanité ». Une métaphore de l’activité humaine mise en regard avec la mort, qui s’incarne sous forme d’un crâne, rappelant la « danse macabre » du « tempus fugit « (le temps passé qui mène inexorablement au triomphe de la mort).
“Nature morte à la vanité”, Pieter Claesz, 1630
Les « memento mori » dans les arts
L’ « ars moriendi » se retrouve dans la littérature, les arts picturaux, la sculpture (pierre, bois, ivoire, os, -parfois même sur les perles ou grains de rosaires « janusiens », venant orner et parachever les chapelets ou ceintures religieuses des prélats-), au cinéma et dans la photographie, et même les jeux vidéo ou dans l’animation japonaise, le tout mis en musique !
En Asie, les bijoux décorés de crâne donnent lieu à de très belles créations artisanales. Qu’ils soient en métal, décorés de pierre, en bois, les colliers, bracelets et bagues sont beaucoup portés par les asiatiques.
Exemple de bracelet à tête de mort et pierre de lave – Mes Indes Galantes
Les « mémento mori » / vanités / crânes / d’Asie et du monde
Dans le bouddhisme, il n’est pas rare, surtout sous sa forme la plus ésotérique du Vajrayana, de retrouver de très nombreux crânes sur les corps, dans les cheveux ou autour de divinités comme pour Mahakala par exemple.
Loin d’effrayer, ces crânes représentent en fait les démons vaincus par le dieu. Ces démons sont en fait la représentation physique de ce qui peut entraver notre avancée sur l’Eveil à savoir les mauvaises pensées, les mauvais comportements comme le mensonge, l’ego, la vanité… Tout en rappelant la condition mortelle de l’Homme.
Le kapala, calotte crânienne utilisée dans les rites hindous et bouddhistes rappelle aussi à quel point ce motif du crâne est répandu en Asie. Il est souvent perçu comme un objet maléfique et inquiétant car sur les représentations de divinités, il contient souvent du sang. Néanmoins, cet objet n’est pas utilisé par les dieux et déesses à l’encontre des humains mais sert à recueillir le sang des démons et des ennemis de l’hindouisme et du bouddhisme.
Dans l’Hindouisme, le crâne est aussi le siège de l’âme et, étant le point le plus haut de notre corps, il permet le lien avec les divinités. D’ailleurs, dans le tantrisme, c’est le lieu d’accueil du dernier chakra : Sahasrara qui permet l’union de la Kundalini (l’énergie vitale de notre corps) avec Shiva, permettant ainsi la moksha (la libération ultime).
Une figure très connue au Tibet, du nom de Citipati, adopte la forme d’un couple d’ascète sous forme de squelettes. Cette figure macabre est très vénérée car elle protège des accidents et des morts violents de manière générale. Encore une fois, le crâne n’est pas perçu de manière mauvaise par les croyants, au contraire, il sert à la protection.
Conque décorée à l’image de Citipati – Mes Indes Galantes
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Église Saint-Michel-des-Lions – Limoges
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En effet, selon un adage indien
« Si on le contemple c’est Dieu, si on le regarde c’est une pierre ».
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