Ardhanarishvara, le seigneur Androgyne
- 18 juin 2018 -

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Ardhanarishvara, en sanskrit le « seigneur androgyne », est le nom aujourd'hui donné à la forme combinée d’un dieu et d’une déesse du panthéon hindou, symbolisant l'ambivalence de la nature divine, féminine et masculine à la fois, ni homme ni femme, car à l'origine de toute chose Généralement c'est le nom qui est donnée à la forme androgyne de Shiva , qui est a ce titre le protecteur des Transexuels .

Fertilité - Cohésion du couple - Désir - Protecteur des Transexuels

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L'androgynie chez les Grecs - Ardhanarishvara s'invite au Banquet

Les mythes sur la nature de l'Androgyne et même son origine sont nombreux chez les Grecs. Ceux-ci ayant eu de nombreux contacts avec l'Inde, notamment par le biais de la région du Gandhara (englobant une partie du Pakistan et de l'Afghanistan actuels), il ne serait pas étonnant que des liens existent entre le mythe d'Ardhanarishvara et les mythes grecs.

Le premier mythe platonicien de l'androgyne est relaté par le personnage d'Aristophane, dans le Banquet (Platon 380 avant JC). Au commencement, il y avait trois espèces et non deux comme aujourd'hui : la femelle, le mâle et, outre ces deux-là une troisième du nom de l'androgyne composée des deux autres, mâle et femelle réunis. Ayant provoqué la colère des dieux, ils furent punis par Zeus qui les sépara chacun en deux moitiés, avec les organes génitaux placés à l'arrière du corps. Ainsi chaque moitié recherchant l'autre, l'enlace, l'embrasse et meurt triste, ne pouvant s'unir à elle.

Si les choses devaient rester ainsi, les humains mourraient. Or Zeus, pour toujours avoir l'amour de ses sujets remet les organes génitaux sur le devant, formant les êtres humains actuels et permettant ainsi l'union entre l'homme et la femme. Ce mythe explique le phénomène amoureux et sa recherche ainsi que le développement du désir. Par le biais de ce mythe, on cherche à comprendre pourquoi on aime et pourquoi on cherche à s'unir à quelqu'un.

Ardhanari dieu homme femme Ardhanari - Affiche dans une rue de Bénarès

Qui est Ardhanarishvara ?

Historiquement la forme Shiva-Parvati est la plus connue et la plus ancienne. De fait, à l'origine, le nom d’Ardhanarishvara, « Le Seigneur à moitié féminin » est donné exclusivement à ce couple formant une seule entité.

Ardhanari Statue en bronze 10éme Siècle

Les premières images d'Ardhanarishvara datent de la période Kushan, à partir du premier siècle de notre ère. Son iconographie a évolué et a été perfectionnée sous l'ère Gupta (3ème-6ème siècle).

Les Puranas et divers autres traités iconographiques décrivent à profusion la mythologie et l'iconographie d'Ardhanarishvara. Etonamment alors que Ardhanarishvara reste une forme iconographique populaire trouvée dans la plupart des temples de Shiva dans toute l'Inde et en Asie, très peu de temples sont dédiés exclusivement à cette divinité.

Temple de Khajurâho

Ardhanarishvara, son iconographie et son symbolisme

Ardhanarishvara est généralement composé d’une partie droite masculine et d’une partie gauche féminine, chacune tenant les attributs principaux du dieu et de la déesse. Ainsi on retrouve le troisième oeil, la cobra, Nandi le taureau et le trident pour Shiva, dont la peau est bleue. Et pour Parvati on retrouve la peau rosée, le sari, le tigre ou le lion , le bindi sur le front qui correspond au troisième oeil de son époux... Ardhanarishvara est généralement debout en tribhanga, en triple flexion du corps, mais on peut le trouver aussi assis sur un piédestal de lotus.

Cette image symbolise l'ambivalence de la nature divine, féminine et masculine à la fois, ni homme ni femme, car à l'origine de toute chose, transcendant les distinctions de genre. Elle montre également la dualité de l'Univers tout entier sans laquelle nous n'existerions pas. Au-delà de ça, elle évoque également des idées d'abondance et de fertilité.

Dans certains textes, la forme androgyne est considérée comme la forme originelle, l'être cosmique primordial d'où est issue toute création, qui se serait par la suite scindée en deux êtres. Dans d'autres textes, il s'agit au contraire de l'union de deux divinités distinctes.

Dans un mythe du sud de l'Inde, la Déesse se serait fondue en Shiva pour obliger un dévot à l'inclure dans sa circumambulation rituelle alors que celui-ci l'ignorait. Pour d'autres, Durga/Parvati, jalouse de Ganga qui réside dans la chevelure de Shiva, aurait décidé de s'unir pour toujours à son époux en devenant son côté gauche.

Parfois, Ardhanarishvara est représenté en posture de danse. Dans ce cas, la représentation est supposée symboliser l'union des deux modes de danse, le mode brutal ou tandava de Shiva, et le mode lasya, très sensuel voire sexuel propre à la Déesse.

Ardhanarishvara, patron et protecteur des transexuels

Ardhanarishvara n'est pas, dans les textes sacrés et traditionnels hindous, présenté comme le protecteur de la communauté trans. Néanmoins, dans la pratique, les Hijras (terme qui désigne dans la culture indienne un individu considéré comme n'étant ni un homme ni une femme) le prient et sont considérés comme ses incarnations. D'une certaine façon, la pratique et l'évolution de la société indienne ont donné un nouveau rôle à ce dieu, qui n'est pas mentionné dans les textes sacrés.