Le bétel : une plante sacrée à usage curatif

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« Ils sont grands buveurs, et mâchent toujours un fruit appelé areca, qui ressemble à une poire : ils le coupent par quartiers et l’enveloppent dans des feuilles du même arbre, appelé betre (bétel), qui ressemblent à celles du mûrier, et ils y mêlent un peu de chaux. Après qu’ils l’ont bien mâché ils le crachent, et leur bouche devient toute rouge. Il n’y a aucun de ces insulaires qui ne mâche le fruit du betre, lequel, à ce qu’on prétend, leur rafraîchit le cœur ; on assure même qu’ils mourroient s’ils vouloient s’en abstenir. »

PREMIER VOYAGE AUTOUR DU MONDE SUR L’ESCADRE DE MAGELLAN, Antonio Pigafetta

Lors du voyage autour du monde de Ferdinand Magellan, le savant Antonio Pigafetta décrit une pratique méconnue qu’il pensait alors caractéristique d’une petite région des Philippines : la pratique de la chique de bétel. Toutefois, Antonio Pigafetta ne pouvait soupçonner que la chique du bétel était une pratique courante dans de nombreuses autres régions du monde.

Originaire des régions tropicales de l’Asie du Sud, la chique des feuilles de bétel s’est rapidement développée dans l’Est de l’Asie (notamment en Chine et dans la partie Sud-Est du continent asiatique), ainsi que dans les communautés de Madagascar, de l’Afrique orientale et des Antilles. Cette coutume daterait du néolithique et reste de nos jours encore très pratiquée.

 

 

Préparation du bétel

Les principaux composants du chique de bétel proviennent de deux plantes distinctes. Les feuilles proviennent du bétel (ou Piper betle) qui est une plante grimpante dont on mastique couramment les feuilles. La noix d’arec (ou noix de bétel) est le fruit du palmier à bétel (ou aréquier).

La chaux quant à elle provient de coquillages réduit en poudre. Le bétel chiqué consiste en des tranches de noix d’arec, mélangées à un peu de chaux, le tout roulé dans les feuilles de bétel. Selon les régions, la préparation du bétel diffère. La noix d’arec peut être parfumée d’une pâte citronnée ou d’un mélange d’épices caractéristique en Inde. Depuis la période coloniale, la noix de bétel peut être aussi mélangée avec du tabac.

Les composants du chique de bétel sont conservés dans des boîtes décorées qui deviennent de véritables objets d’art et que l’on transporte généralement dans un sac à bandoulière en fibres (kaleku). Les boites à bétel sont composées de petits compartiments dans lesquels étaient disposés le nécessaire pour chiquer : les feuilles de bétel roulées, les morceaux de noix d’arec ainsi qu’un petit tube de chaux (katimbu).

 

 

 

 

 

Utilisations et traditions

Lorsqu’il est chiqué, le bétel colore la salive en rouge et les dents en orange par le biais de la noix d’arec qui libère également une substance addictive proche de la nicotine. En mâchant cette préparation, les consommateurs cherche à se prémunir de divers troubles. Les feuilles de bétel sont utilisés comme stimulant, antiseptique et purificateur d’haleine, alors que la noix d’arec a été pendant longtemps considérée comme aphrodisiaque

Dans la médecine folklorique chinoise, la feuille de bétel était reconnue comme possédant des propriétés antioxydantes et serait bénéfique pour les désintoxications.

En Inde, la feuille de bétel, désignée sous le nom de « Tambool » et considérée pendant longtemps comme un des huit plaisirs de la vie, joue également un rôle important. Selon les anciens livres, la mastication de bétel après les repas aide à la digestion et devient ainsi une pratique courante. Le bétel est aussi utilisé à des fins autres que curative, lors de grands événements. En effet, dans la tradition indienne, les feuilles de bétel sont régulièrement offertes aux dieux avec le chant propice des mantras à la fois comme un acte de dévotion et d’adoration. Dans certaines provinces, on utilise également le bétel lors des mariages. Lors de cette cérémonie, le marié doit détacher un bout de bétel que la mariée tient dans sa bouche, un geste qui devait sceller leur union pour la vie.

En Asie du Sud-Est, même les rois mâchaient du bétel, et c’était un honneur de continuer à mâcher le bétel que le roi avait déjà commencé à mâcher. Il était également courant que les rois s’offrent entre eux des sets à bétel richement décorés. Les traditions associées au bétel sont considérables. Aux Philippines, le divorce est symbolisé par la remise d’une paille de riz avec du bétel. Le bétel permettrait aussi aux prêtresses de déterminer le sexe de l’enfant lors du septième mois de grossesse, en versant, à l’aide d’une feuilles de bétel, de l’huile sur le nombril de la mère et en analysant la manière dont tombent les gouttes. Au Vietnam, la préparation du bétel est un rituel convivial, pratiquée en famille. En Malaisie, l’offrande de la chique de bétel est considéré comme le signe d’un adieu, ou indique au visiteur qu’il est temps de partir.

Ainsi, chiquer du bétel en Asie fait partie de la tradition : on chique par habitude, par tradition héritée des anciens, pour les propriétés médicinales et thérapeutiques qu’offrent cette drogue, pour participer aux croyances locales ou pour se rassembler.

Pourtant, le bétel, plus couramment utilisé de nos jours comme substance récréative servant de coupe-faim et de stimulant, peut se révéler extrêmement cancérigène. Cela n’empêche pas que le bétel soit la drogue la plus consommée en Asie du Sud-Est, notamment au Timor, à Sumba et en Birmanie et reste toujours exportée à travers le monde.

 

 

 

 

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