L’Ikat du Timor
- 20 janvier 2015 -

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Les larmes de Shiva, contemplant sa création sans pouvoir fermer les yeux sous peine de la détruire, se posent sur le motif qui s’enfuit du tissus comme un regard glisse. Procédé de teinture, et de tissage, l’Ikat est l’un des enfants raffinés d’Indonésie.

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Les plus fastueux de ces tissages sont les Telia Rumals, pratiqués sur du coton ou de la soie, ou parfois les deux. Si l’origine géographique de cette pratique demeure inconnue, il semble que la plupart des tissus de ce type aient été découverts au 19e siècle.

La technique de teinture, ardue, consiste en l’emprisonnement des fils du tissage à réserver pour une autre couleur ( fils de chaîne pour l’ikat simple, et chaîne et trame pour le double) dans une gaine isolante avant chaque teinture.

Non tissés, les fibres revêtent leurs couleurs indépendamment les unes des autres avant d’être jointes par la trame. Superposées par mélanges optiques lors du tissage, les portions de fils s’entrechoquent se croisent et se moirent, laissant comme une trainée de motif étiré par la vitesse.

Animés par le mouvement que célèbrent les toiles de Richter, ces textiles populaires prenaient souvent pour origine la symbolique de mythes hindous, et jouissaient d’une place importante dans les traditionnels rites et cérémonies. Cette qualité narrative , et ces jeux de profondeurs de couleurs qui s’opacifient et dessinent ombres et volumes construisent et aiguillent la réflexion sur le corps et sa fluidité, sur le lien entre décoratif et sacré et sont ainsi d’un interet complexe pour designers et couturiers.

Paul and Joe, Balenciaga, Vuitton, ou même Dries Van Noten, dans la structure organique de ses silhouettes sophistiquées ( Ikat on the Runway, 2010), jouent sur l’ambiguité entre artisanat et industrie, tissage et image.

Ikat 6